vendredi 19 juin 2009 FORMATION DES POLITICIENS

Je réponds « présent » à l’article d’Élaine Hémond du 19 juin 2009 titré S.O.S.-Démocratie. Le Devoir en rajoute d’ailleurs sous la plume de la chroniqueure Lise Payette qui tient, dans la colonne voisine, un propos analogue à celui de sa consoeur. Toutes deux - avisées tant qu’à moi - font valoir les risques du désintérêt aux élections et suggèrent des mises en garde et des pistes d’amélioration fort intéressantes.

J’ajoute ma contribution.

Intéressé au domaine de l’éducation, il m’a toujours semblé étrange qu’aucun pré requis de formation ne soit demandé aux candidats aux diverses instances démocratiques. Pour devenir un politicien, il suffit d’être un citoyen. Wow! Peut-être trouverait-on, sous une loi ancienne, un article de loi exigeant du futur commissaire d’école qu’il sache lire et écrire, mais l’article est disparu depuis belle lurette. C’est un cas rare. L’évoquer ici pourrait même sembler un anachronisme! Cette absence d’exigences préalables aux responsabilités politiques semble liée à notre concept frileux de démocratie qui se veut inclusif, inclusif, inclusif. Chaque citoyenne et citoyen peut exercer les fonctions de décision et de responsabilité à quelque instance que ce soit s’il ou elle trouve une foule suffisante pour cocher l’espace prévu à côté de son nom. Voilà où nous en sommes pour le moment. Mais encore…

N’est-il pas surprenant qu’aucune faculté universitaire ou autre école nationale vouée essentiellement à l’exercice du pouvoir politique dans notre démocratie ne se soit développée à l’intention des futurs candidats à une élection voire à l’intention des élus fraîchement sortis du four électoral. Pourrait-on concevoir dans notre vie sociale quelque champ de pratique complexe sans l’apport spécialisé et spécifique que dispensent ces hauts lieux de savoirs que sont les universités? La médecine, le génie, le droit, l’économie, l’administration, l’enseignement, etc pourraient-ils s’apprendre sur le tas par ceux qui manifesteraient leur désir d’être reconnus au titre de médecin, ingénieur, enseignant, etc.? Manifestement, nous voulons des gens « patentés » et formés pour exercer ces fonctions complexes dont notre sécurité, notre développement et celui de nos enfants dépendent. Et l’État a compris cela en posant des balises pour assurer de vraies compétences à notre service. Merci beaucoup.

Mais, les politiciens, eux? Ils n’ont pas d’école. Il n’y a pas de faculté universitaire qui se consacre en exclusivité à la compréhension de la gestion de la vie sociale et politique, à la formation de celles et ceux qui veulent exercer des fonctions de décision dans les instances démocratiques? Wow!

Et on s’alarme du fait que les gens décrochent de la vie politique! Est-elle crédible?

Je repense à un article de Jacques Leclerc du 6 avril dernier dont le beau titre évocateur m’avait fort allumé : « Le management sur la sellette - Où les leaders déchus ont-ils pris leur diplôme? » Jacques Leclerc citait notamment les propos d’un de mes héros –Henri Mintzberg- qui met en cause la qualité de la formation des managers et la rend responsable de la crise économique actuelle. Absence de vraie formation à gérer entraîne des conséquences y lisait-on. La cupidité des managers emporte le magot et l’ensemble du système à la dérive. Cela s’appelle une crise, une crise grave.

Et les politiciens, eux? Ne sont-ils pas ultimement responsables de ce qui se passe dans la vie de la société? Et leur formation, elle? Où est-elle?


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